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Solennité St Pierre – St Paul
Messe de la veille au soir
Messe du Jour
Frères et sœurs,
La fête des saints apôtres Pierre et Paul nous plonge au coeur du mystère de l’Eglise ; pas seulement parce qu’ils en sont les 2 principaux piliers, mais surtout en vertu de la responsabilité que Jésus a confiée à Pierre : « Et moi, je te le déclare : tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux ; tout ce que tu auras délié sur la terre sera déliée dans les cieux. »
Alors, il est plus qu’intéressant et qu’instructif de regarder la vie de nos deux grands saints. Ils nous disent quelque chose d’important pour l’Eglise en elle-même.
Leur vie à tous deux nous rappelle que l’Eglise est d’abord une Eglise de la miséricorde, une Eglise du pardon : « Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux ; tout ce que tu auras délié sur la terre, sera délié dans les cieux. » dira Jésus à Pierre. « Tout ce que tu auras lié » ; on peut penser à l’Amour, au mariage. Tout ce que l’ Amour aura lié sur la terre demeurera lié dans les cieux.
« Tout ce que tu auras délié sur la terre » : on peut penser à tout ce qui aura été réglé, dénoué. On peut penser ici au pardon. C’est-à-dire que l’Eglise a ce pouvoir de dénouer, de libérer du péché. Et à qui Jésus confie-t-il cette haute mission ? à Pierre ! A celui qui aura fait en lui-même l’expérience du pardon de Dieu. A celui qui a renié par trois fois Jésus. Celui qui est à la tête de l’Eglise n’est pas « humainement parlant » supérieur aux autres ; il est comme les autres ; il est même « pire » que les autres ! Jésus lui confie la mission la plus importante ; et il va renier Jésus ! Mais, mais, il va accueillir le pardon de Jésus ! Ce n’est pas le hasard si Jésus lui demande par trois fois : « Pierre, m’aimes-tu ? » C’est que Jésus lui donne par trois fois l’occasion de racheter sa lâcheté ! Cette scène a été anticipée au soir du Jeudi Saint lorsque Jésus voulait laver les pieds de ses disciples. Lequel refusa ? Notre Pierre. Et pour quel motif : « Je n’en suis pas digne ! »
Et Jésus lui rabattait son orgueil ! « Si tu n’acceptes pas, tu n’auras pas de part avec moi ! » Autrement dit : « si tu n’acceptes pas que je te pardonne, tu ne pourrais assumer la mission que je te confie, de présider au ministère du pardon dans mon Eglise. »
L’Eglise représentée par St Pierre et par St Paul, n’est pas une Eglise dogmatique comme on se plaît malheureusement à la caricaturer parfois ; elle est une Eglise miséricordieuse qui fait tout sa place au péché, mais surtout au pardon des péchés et à la conversion ! Cette Eglise n’est pas une Eglise des parfaits et des purs, mais une Eglise de pécheurs qui se convertissent.
La deuxième image de l’Eglise qui apparaît au travers de cette solennité, est l’image d’une Eglise de l’Amour : « Pierre, m’aimes-tu ?» demandera par trois fois Jésus à Pierre. Jésus demande à Pierre s’il l’aime ; mais il demande aussi à Pierre de l’aimer. Par trois fois ! Cela veut dire que Jésus demande à Pierre de progresser dans l’Amour de Dieu. Cet échange nous révèle qu’une des premières missions de l’Eglise est d’aimer Jésus, le Fils de Dieu, et de le faire aimer. Après l’Eglise est beaucoup de choses ; mais sa première mission est de faire aimer Dieu.
Il est intéressant de regarder les verbes que Jésus emploie pour parler à Pierre. Les deux premiers, c’est le verbe « Agapéo » qui est employé, qui signifie l’amour de contemplation, la plus haute forme d’Amour, la plus gratuite, la plus purifiée. Mais Pierre répond en employant le verbe « philéo », qui signifie l’amour d’affection, l’amitié. Il y a donc un écart entre l’Amour auquel Dieu veut nous conduire « agapéo » et celui où nous nous situons le plus ordinairement possible : « philéo ». Nous retrouvons ici cet appel à grandir dans l’Amour, à passer d’un amour où Dieu nous donne, nous apporte quelque chose à un amour où nous aimons plus Dieu, non pas pour ce qu’Il nous donne ou nous apporte, mais pour ce qu’Il est en lui-même. Et c’est aussi la mission de l’Eglise que de nous faire grandir dans cet amour.
Enfin, la dernière image que je retiens de l’Eglise en ce jour où nous fêtons les saints Pierre et Paul, c’est l’image d’une Eglise missionnaire : « Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle » dira St Paul sur la fin de sa vie. La mission de l’Eglise s’enracine dans la confession de l’Amour de Dieu : « Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? – Oui, Seigneur, tu sais tout ; tu sais bien que je t’aime ! – Sois le pasteur de mes brebis. » cela veut dire : ta mission de pasteur s’enracine dans l’Amour. La mission de l’Eglise, comme le gouvernement dans l’Eglise, comme l’autorité, s’enracinent dans l’Amour de Dieu pour son peuple, et sont au service de l’amour des brebis. Sans l’amour de Dieu pour son peuple, pour ses brebis, la mission, l’autorité, le gouvernement dans l’Eglise ne sont plus rien ; ils ne servent plus à rien ! Ils sont vides de sens et de substance ! Par ailleurs, cette mission de gouvernement : « Sois le pasteur de mes brebis » nous rappelle que les pasteurs doivent être exemplaires, non pas parfaits, parce que personne ici-bas ne peut se prévaloir d’être parfaits , mais exemplaires dans l’accueil de la miséricorde de Dieu. En cette fête des saints apôtres Pierre et Paul, il ne nous faut pas oublier de prier pour tous les pasteurs qui sont aussi parfois malheureusement des contres-témoignages à l’Evangile.
Dans la première lecture de la messe de la veille au soir, St Pierre nous montre le trésor que porte l’Eglise au monde. A un infirme qui fait l’aumône, Pierre répond : « Je n’ai pas d’or, ni d’argent ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus le Christ, lève-toi et marche. » Le plus beau cadeau que l’Eglise peut faire au monde, c’est d’apporter l’Evangile ; c’est d’apporter la lumière de Dieu sur notre humanité. St Paul est de ce point de vue là un modèle : modèle de conversion : il excellait dans l’arrestation et le meurtre des chrétiens ; il va devenir le premier apôtre de l’Eglise avec St Pierre. Mais aussi, modèle de dynamisme missionnaire : il a fait plus de trois voyages gigantesques pour l’époque dans tout le bassin méditerranéen , se saisissant de toute occasion pour annoncer l’Evangile.
A l’heure où l’Eglise, du moins en occident, fait plus l’expérience de sa pauvreté, de la diminution du nombre de ses fidèles, à l’heure où notre Eglise réfléchit au contenu d’une nouvelle évangélisation, ne perdons pas de vue que le trésor qui est lui est confié est l’Evangile que l’Eglise a le devoir d’annoncer en tout temps et en toute circonstance.
Que St Pierre et St Paul nous aident sur ce chemin d’évangélisation et de réveil des chrétiens. Qu’ils bénissent plus particulièrement tous les habitants des villages qui leur sont consacrés. Que leur bénédiction tombe en abondance sur notre paroisse et notre Eglise. Amen !
