Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, publie jeudi 12 septembre, L’église face à ses défis (1), un recueil de réflexions sur les abus sexuels dans l’Église, le sens du sacerdoce, qui comporte un texte inédit sur la mission de la famille.L’occasion de partager sa vision, comme sa méthode, à l’heure où « le monde et l’Église semblent s’éloigner inéluctablement ».
Quel témoignage singulier les familles chrétiennes sont-elles appelées à porter dans la société ? À l’heure où l’Assemblée nationale s’apprête à réviser la loi de bioéthique et à autoriser l’ouverture de la PMA aux couples de même sexe et aux femmes célibataires, Mgr Éric de Moulins Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, dévoile dans un recueil de réflexions, L’Église face à ses défis, un essai inédit sur les enjeux théologiques et pastoraux du mariage et de la famille (coédité par CLD éditions et la Nouvelle revue théologique).
Ses observations sont traversées par une interrogation structurante : dans un monde qui « se laisse emporter par ses prouesses techniques et technologiques »,
quelle voix exprimer comme membre d’une famille chrétienne ? Son
premier élément de réponse vient comme une invitation à lutter contre
une forme d’accusation simpliste : « Il ne serait pas
spirituellement juste de ne vivre les secousses portées au mariage et à
la famille que comme des attaques venues de l’extérieur », met en garde le président de la CEF qui appelle les chrétiens à se rappeler l’essentiel : « Le
phénomène le plus important n’est pas que le mariage chrétien soit
bousculé. Le plus décisif est que le mariage chrétien, ou plutôt l’idée
chrétienne du mariage est un bouleversement dont les effets sont loin
d’être digérés par l’humanité ». Pour l’archevêque de Reims, le
mariage chrétien a en effet révolutionné l’institution matrimoniale,
transfigurant l’union opportune de deux lignées en « la rencontre possible d’un homme et d’une femme, qui n’a pas à s’achever ».
« Pas de vérités toutes faites »
Alors que le président de la Conférence des évêques a plusieurs fois affirmé que « sa place n’était pas dans une manifestation », cet essai « témoigne » en creux de « sa méthode », assure le père jésuite Alban Massie, directeur de la Nouvelle revue théologique qui coédite l’ouvrage. « On
reproche parfois aux évêques d’être trop timorés. Ce livre dit quelque
chose de la manière dont il exerce sa mission : il ne donne pas de
vérités toutes faites, mais des clés pour aider les chrétiens à se faire
leur propre réflexion. Je le recommanderais volontiers à un couple
engagé dans la voie du mariage. »
Au fil de ses
considérations historiques et anthropologiques, le président de la CEF
se propose d’analyser avec pédagogie comment l’idée chrétienne de la
famille est mise en tension par « la société technicisée, mondialisée, démocratisée ».
Selon lui, les points de divergence ne manquent pas entre le message
des Évangiles et notre société moderne, devenue progressivement
intolérante à la souffrance, où le plaisir gouverne à la place du
devoir, et au sein de laquelle la dépendance est vécue comme un fardeau.
Le président de la CEF, appelle donc les chrétiens à
vivre leurs différences avant tout dans le témoignage de leur vie.
Témoigner que la famille, « communauté de personnes » peut-être un lieu où la souffrance est « affrontée, supportée et intégrée », « que le pardon est possible et même qu’avoir à pardonner fait partie de la grandeur humaine », que la famille puisse « intégrer
les personnes âgées ou porteuses d’un handicap, ou atteintes par la
maladie, en apprenant à voir en elles, par-delà les charges qu’elles
représentent, l’invisible richesse de la capacité à faire le bien et à
la recevoir ». Au fond, la mission que propose Mgr Éric de Moulins-Beaufort aux fidèles se trouve résumée dans la préface de son livre : « Les chrétiens fervents ont juste à en faire un peu plus que la plus grande part de leurs concitoyens. »
L’Église face à ses défis, 167 p. 18 € À découvrir
La Croix