21 juillet, saint Leufroy, Abbé fondateur de l’abbaye du même nom, au diocèse d’Evreux (660 ; +11 juin 738)

Saint Leufroy, Abbé fondateur de l’abbaye du même nom, au diocèse d’Evreux (660 ; +11 juin 738)

Le contexte historique.

Le VIIème s. apparaît incontestablement comme la période la plus brillante de la monarchie mérovingienne. On revenait de loin ! En près de deux siècles l’installation des barbares dans le monde gallo-romain avait enfoncé l’Europe de l’ouest dans un temps de drames et de ténèbres. Les raids répétés des tribus de l’est avaient désorganisé les provinces du vieil empire à l’agonie, effacé les routes, paralysé les productions, anéanti les commerces, précipité les populations dans le désordre moral, la violence, la barbarie. « Malheur à notre époque car l’étude des lettres est morte parmi nous » s’était écrié s. Grégoire de Tours. Et pourtant, c’est bien à cette époque de troubles que l’Europe a été fondée « après des siècles de lentes transformations, de développement organique, d’avances et de reculs et d’élans vers la lumière » (Daniel Rops).

Si la foi au Christ et la connaissance de son message sublime n’avaient pas suffi à empêcher les baptisés de céder aux pires pentes humaines, du moins elles leur donnaient les principes sans lesquels aucun relèvement n’eût été possible. Car l’Europe, malgré les pires drames qu’elle traversera, trouvera ses bases et son fondement dans le christianisme, qu’évêques et moines vont réussir à faire triompher de la violence et du chaos. La liste des convertis de la cour du roi Clothaire II et de son fils Dagobert est fort longue, et c’est dans cette immense et merveilleuse explosion monastique que Leufroy va naître en 660. Retenons Dadon qui latinisera son nom et deviendra saint Ouen : il fonda le monastère qui portera ensuite son nom et devint Evêque de Rouen en 641 ; (s.) Wandrille qui venait de fonder l’abbaye de Fontenelle en 649 ( qui portera plus tard le nom de son fondateur ) et (s.) Philibert qui venait de fonder l’abbaye de Jumièges en 654 et celle de Pavilly pour les dames, en 660. (Nous fêterons ce nouvel anniversaire dans le prochain Bulletin des Saints. Anges). Avec ces Abbayes bénédictines s’offraient à (s.) Ouen de véritables régiments de milliers de moines et moniales comme forces auxiliaires, pour la diffusion de l’Evangile en terre neustrienne.

Saint Leufroy

Vingt-six ans avant la mort de (s.) Ouen, Leufroy naissait au pays d’Evreux, de parents nobles et chrétiens. Dès son adolescence il se voua tout entier au service du Seigneur, le seul vrai roi, et préféra, pauvre et privé de tout, suivre le Christ, qu’être comblé des richesses éphémères du siècle.

Encore enfant, touché de l’Esprit divin, il ne cessait de demander à ses parents de le mettre en un lieu où il pût s’instruire alors que son père n’y voulait point consentir, n’envisageant pas de supporter l’absence de son fils unique. L’enfant trouva pourtant le moyen d’arriver à ses fins : il demanda à son père de lui permettre d’aller voir des parents qui demeuraient à Evreux et c’est auprès du tombeau du premier évêque d’Evreux, saint Taurin, sous l’épiscopat de (s.) Eterne (670-673), qu’il découvrit le secret de la volonté de Dieu. Devant une telle flamme du zèle à servir Dieu, ses parents cessèrent leur résistance et lui permirent de continuer ce qu’il avait entrepris. Lorsqu’il eut appris tout ce que les maîtres qui étaient à évreux pouvaient lui enseigner, il gagna Chartres pour quelques années afin de parfaire ses études et prit la résolution de revenir à son pays. Avec les encouragements et la bénédiction du nouvel évêque, (s.) Aquilin ( 673-695), il ouvrit une école.

Encore laïc, il enseignait aux enfants la littérature et la modestie religieuse, accueillait chez lui et fournissait le nécessaire aux indigents, aux veuves et aux orphelins. Mais attiré par une vie plus parfaite et plus spartiate, il quitta à nouveau Evreux pour aller rejoindre, dans le diocèse de Rouen, un ermite nommé Bertrand. Saint Ouen lui enjoignit d’aller seconder (s.) Saëns, moine irlandais disciple de (s.) Philibert. Celui-ci l’instruisit de la règle et de la vie religieuse et il laissa de côté son habit séculier pour recevoir la tonsure monacale. Ansbert, évêque de Rouen en 680, très lié avec Leufroy, jugeant que son ami possédait les qualités nécessaires et suffisantes pour s’engager lui-même à la tête d’une nouvelle fondation l’engagea à chercher un endroit propice dans sa région d’origine.

En l’an 654, le seizième du règne de Clovis II, rentrant du Concile convoqué par celui-ci, (s.) Ouen se perdit en suivant la vallée de l’Eure. Sous la neige, dans le froid au milieu de cette vallée désolée, c’est vers la Croix qu’il se tourna : Crux sacra sit mihi lux ( Croix sacrée illumine mes pas). Et c’est alors que le miracle se produisit, à la croisée de deux chemins, à 13 km au nord d’évreux : une croix lumineuse lui apparut dans le ciel, étincelante, flamboyante comme la foudre au milieu des nuages, mais qui se maintenait, persistait comme la bonne étoile des rois mages. Il décida de marquer la place et fit édifier une bonne croix de pierre dans laquelle il fit enchasser quelques reliques. Ce lieu de l’apparition devint très célèbre par le nombre de miracles et de conversions qui s’y opérèrent.

Leufroy, visitant ce lieu-dit nommé la Croix S. Ouen, quelques années après la mort de celui-ci en 695, considérant l’abondance des eaux, des bois et des vignes, décida d’y construire un ermitage et une chapelle en l’honneur de la sainte Croix, des saints apôtres et de saint Ouen. Il bâtit une sorte d’asile afin d’y procurer soins et secours aux malades et miséreux. Graduellement, ce petit ermitage prit des allures d’une véritable abbaye.

A sa mort, deux églises s’élevaient : l’une dédiée à la Sainte-Croix et à saint Ouen, et réservée aux religieux, l’autre sous le vocable de saint Paul était destinée à la population qui commençait à s’agglomérer autour du moutier et de son hospice, formant dorénavant une paroisse. Il termina sa vie sur terre le 21 juin 738, après 48 ans d’abbatiat et fut inhumé dans l’église Saint-Paul. Il laissait une fondation, une abbaye et un hospice prospères. A la fin du IXème siècle, son corps fut transféré dans la principale basilique qui avait été construite en ce lieu et en l’honneur de la vraie Croix et de s. Ouen, par Jean, le vénérable évêque de Dol devenu abbé.

L’abbaye

Durant les invasions viking, les abbayes constituaient des sortes de pôles où la population locale savait pouvoir trouver les secours spirituels et matériels qui lui étaient nécessaires, aussi une certaine richesse y était-elle accumulée. Les agresseurs le savaient, et toutes les abbayes de Neustrie furent pillées voire détruites les unes après les autres entre 840 et 911. A cette date, le roi Charles le Simple accorda un territoire aux viking et à leur chef Rollon par le traité de Saint-Clair-sur-Epte : c’est l’apparition de la Normandie. L’installation des normands dans la Neustrie allait coïncider avec la naissance puis le développement de la société féodale. Dès le départ, sous Rollon, toutes les terres avaient été distribuées, réparties entre les anciens pirates, qui, au bout de deux ou trois générations allaient devenir les seigneurs de ces lieux. Convertis, ils vont non seulement s’appuyer sur les clercs, mais rivaliser d’émulation pour construire ou réhabiliter les églises et les monastères. Les vandales deviennent architectes et ducs de Normandie !

Les moines de l’abbaye de la Croix-Saint-Ouen, devenue par la suite, en mémoire de son fondateur, la Croix-Saint-Leufroy, durent s’enfuir devant l’insécurité permanente de cette période (vers 892). Leur situation sur le cours inférieur de l’Eure à six lieues de Pont-de-l’Arche et huit de la base viking de Jeufosse, n’était pas très facile. Après plusieurs pérégrination, ils trouvèrent refuge, avec les reliques du saint, à l’abbaye parisienne de Saint-Germain-des-Prés. Il faudra attendre le règne de Guillaume-le-Conquérant et le concours des moines de l’Abbaye Saint-Ouen de Rouen pour voir une renaissance de l’abbaye des bords de l’Eure.

Le plus célèbre des moines de l’abbaye de la Croix-Saint-Leufroy, hormis son fondateur, fût sans conteste Guimond. Après sa profession à l’abbaye, il se forma en théologie , en philosophie mais aussi à l’art oratoire, au Bec Hellouin, sous la férule de Lanfranc,. Il fut bientôt considéré comme l’homme le plus éloquent de son temps. Il brilla au Concile de Vercueil, en présence du pape Léon IX, au Synode de Brionne, devant Guillaume-le-Conquérant, au Concile de Paris devant le roi de France Henri Ier, au Concile de Rome en 1059 devant le pape Nicolas II, enfin au Concile de Rome de 1079 devant le pape Grégoire VII. Celui-ci le fera Cardinal quelques temps plus tard et cet ancien moine de l’abbaye de La Croix-Saint-Leufroy devint étroitement associé à tous les travaux de ce grand pape, avant de devenir archevêque d’Aversa sous Urbain II.

Fait notable en 1241, l’abbaye reçut du roi saint Louis en personne une portion de la vraie Croix, ce qui donna lieu à de grandes festivités. Le roi était aussi comte d’Evreux et l’abbaye était la seule qui portât le nom de la Sainte Croix dans tout le comté.

Abbaye fut ravagée pendant la guerre de Cent ans et restaurée entre 1473 et 1501. Vers 1630, un grand logis en brique et pierre fut construit et entouré de jardins à la française. Le 11 mars 1741, Mgr Rochechouard décréta l’extinction de la mense conventuelle de l’abbaye où les moines n’étaient plus qu’en très petit nombre du fait de la disparition de l’esprit religieux, et l’unit au Petit-séminaire qui venait d’être fondé à évreux. Le nouvel établissement construit de 1763 à 1768, porta le nom de Petit-Séminaire Saint-Leufroy (aujourd’hui l’Hôtel de la préfecture), en souvenir de la communauté dont il avait recueilli les biens.

En 1791, l’abbaye est vendue comme bien national à François de Puisaye.

Le grand logis subsiste actuellement, avec quelques bâtiments (grange, cellier…), et des vestiges de l’église abbatiale. L’ancien enclos avec son mur en partie médiéval et ses deux tours ouest a été conservé, ainsi que le parc à l’anglaise réalisé au XIXème siècle, lequel intègre un important réseau hydraulique. M. et Mme Baudoin Monnoyeur sont les propriétaires actuels de la maison abbatiale et nous assistons à la renaissance des lieux depuis 2005, année de l’inscription de la propriété à l’inventaire des Monuments Historiques. La maison du Préfet de l’Eure, à Evreux, est construite avec les pierres de l’abbaye.

Culte

La dernière cérémonie mémorable à l’égard de Saint-Leufroy date de 1938, organisée par M. l’Abbé Huret, curé de la Croix, pour célébrer le XIIème centenaire de la mort du Saint. Suivant les coupures de presse retrouvées, la cérémonie s’est déroulée en présence de l’archevêque de Rouen, Mgr. Petit de Julleville (qui deviendra Cardinal), de l’évêque d’évreux, Mgr. Gaudron, et la messe célébrée par Dom Paulet, prieur de l’abbaye de Saint-Wandrille, devant une assemblée évaluée à 2000 personnes.

Il n’y a plus de reliques du Saint connues, la dernière ( une côte) fut volée il y a quelques année dans l’église paroissiale Saint-Paul.

En attendant une cérémonie glorifiant Saint Leufroy d’ici le 31 décembre 2010, pour le 1350ème anniversaire de sa naissance, nous espérons avoir fait grandir en vous une envie de mieux connaître les saints qui ont fait notre diocèse et de les prier, pour qu’à leur intercession Dieu ne cesse par sa grande miséricorde de nous offrir de saints prêtres et de saints religieux pour nous montrer le chemin de sainteté qui nous conduit à Lui.

S’il pleut le jour de la Saint-Leufroy, foin dans les prés n’est pas à toi ; car si l’eau commence au matin, en voilà pour trois jours sans fin » ou « les récoltes auront trop froid s’il fait du vent à Saint-Leufroy.

Bibliographie :

L’abbaye de La Croix Saint-Leufroy en son temps, par M. André Dézellus, 2005, aux éditions Bertout. Ce livre est vendu à la mairie de La Croix, où M. le maire vous recevra bien volontiers.

La Normandie bénédictine, par Georges Goyau, 1940, aux éditions Plon.

Les Saints du diocèse d’Evreux, par l’abbé J. B. Mesnel, 1918, aux éditions Ch. Hérissey.

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Messes du 18 au 24 mars 2024

Semaine 11

Lundi 18 mars – S. Cyrille de Jérusalem, évêque et docteur de l’Église

  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30

Mardi 19 mars – Saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie

  • Centre Bethléem de 14:00 à 15:00 – Réunion du conseil financier
  • Centre Bethléem de 16:30 à 18:30 – Patronage
  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30

Mercredi 20 mars – de la férie

  • Messe à l’église de Bourth à 10:00 avec les enfants du catéchisme
  • Centre Bethléem de 15:00 à 16:00 – Réunion catéchisme
  • Eglise de Pullay à 17:00 – Chemin de Croix
  • Messe à l’église de Pullay à 18:00

Jeudi 21 mars – de la férie

  • Eglise de La Madeleine à 15:00 – Chapelet de Montligeon
  • Eglise des Bottereaux à 17:00 – Chemin de Croix
  • Messe à l’église des Bottereaux à 18:00
  • Presbytère de Rugles à 20:00 – Bol de riz

Vendredi 22 mars – de la férie

Abstinence

  • Eglise de La Madeleine à 11:15 – Chapelet de la confrérie
  • Eglise de La Madeleine à 12:30 – Chemin de Croix
  • Eglise de La Madeleine à 17:30 – Adoration
  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30

Samedi 23 mars – S. Turibio de Mogrovejo, évêque

  • Eglise de La Madeleine à 9:15 – Laudes
  • Messe à l’église de La Madeleine à 9:30
  • Messe à l’église de Cintray à 18:00

Dimanche 24 mars – Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

  • Messe à l’église St Germain de Rugles à 9:15
  • Messe à l’église de La Madeleine à 11:00 – RV centre Bethléem – Procession
  • Messe à l’église de St Victor sur Avre à 16:00

Messes du 11 au 17 mars 2024

Semaine 10

Lundi 11 mars – de la férie

  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30
  • Centre Bethléem à 20:15 – Bol de riz

Mardi 12 mars – de la férie

  • Centre Bethléem de 16:30 à 18:30 – Patronage
  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30

Mercredi 13 mars – de la férie

11ème anniversaire de l’élection de sa Sainteté le pape François

  • Centre Bethléem de 14:30 à 16:00 – Rencontre des enfants chœurs et des enfants de Marie
  • Presbytère de Bourth à 16:30 – Aumônerie 6e
  • Eglise de Bourth à 17:00 – Chemin de Croix
  • Eglise de Damville de 17:30 à 18:30 – Chapelet et confession
  • Messe à l’église de Bourth à 18:00

Jeudi 14 mars – de la férie

  • Eglise de St Antonin de Sommaire à 17:00 – Chemin de Croix
  • Messe à l’église de St Antonin de Sommaire à 18:00

Vendredi 15 mars – de la férie

Abstinence

  • Eglise de La Madeleine à 11:15 – Chapelet de la confrérie
  • Eglise de La Madeleine à 12:30 – Chemin de Croix
  • Messe à la maison de retraite Korian – Rugles à 15:00
  • Eglise de La Madeleine à 17:30 – Adoration
  • Eglise de Chaise-Dieu du Theil de 18:00 à 19:00 – Groupe de prière
  • Messe à l’église de La Madeleine à 18:30
  • Centre Bethléem de 20:00 à 21:30 – Préparation Baptêmes

Samedi 16 mars – de la férie

  • Eglise de La Madeleine à 9:15 – Laudes
  • Messe à l’église de La Madeleine à 9:30
  • Centre Bethléem de 10:00 à 11:00 – Rassemblement aumônerie
  • Messe à l’église de Francheville à 18:00
    • Quête impérée C.C.F.D. – Terre Solidaire

Dimanche 17 mars – 5ème Dimanche de Carême

  • Messe à l’église St Germain de Rugles à 9:15
    • Quête impérée C.C.F.D. – Terre Solidaire
  • Centre Bethléem de 9:30 à 10:30 – Préparation 1ère communion
  • Messe à l’église de La Madeleine à 11:00
    • Quête impérée C.C.F.D. – Terre Solidaire
  • Eglise de La Madeleine à 16:00 – Vêpres et confession