François Hollande et le pape François se sont entretenus vendredi matin au Vatican, une première rencontre délicate sur des sujets comme la fin de vie et l'avortement, alors que le président français se trouve en outre dans la tourmente sur sa vie privée.

François Hollande et le pape François au Vatican, ce vendredi.

afp.com/Gabriel Bouys

C'est dans une Rome grise et très peu accueillante que François Hollande a rencontré le pape François, ce vendredi dans la matinée. Quelques heures plus tôt, au cours de la nuit, une explosion avait endommagé plusieurs automobiles garées devant la petite église française de "Saint-Yves-des-Bretons", au coeur de la Ville éternelle.

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Pendant sa visite au Vatican, qui a commencé par un tête-à-tête de plus de 35 minutes avec le pape et s'est prolongée par une rencontre avec le nouveau Secrétaire d'Etat, Mgr Pietro Parolin, une alerte à la bombe, place Saint Pierre, a encore augmenté la tension. Celle-ci pouvait se lire sur les visages aussi bien de François Hollande, pas vraiment à l'aise face au Saint Père, comme il l'appellera, que du pape François un peu moins souriant et jovial que d'habitude.

Mais cela n'avait sans doute rien à voir avec les bombes, vraies ou fausses qui, d'ailleurs, selon les autorités italiennes, n'auraient aucun lien avec la visite du chef d'Etat français. Il faut dire qu'on célébrait à Rome, ce vendredi, l'ouverture de l'année judiciaire et qu'au début de la semaine, au cours d'une grande opération anti-mafia, près d'une une trentaine de pizzerias et de bars gérés par la Camorra napolitaine ont été mis sous scellés dans la capitale...

Eviter les sujets qui fâchent

Même si tous les médias italiens ont souligné que la visite de François Hollande chez le pape servait avant tout à récupérer les votes des catholiques en vue des prochaines élections municipales et européennes et qu'il serait certainement question des grands thèmes du débat actuel en France (mariage pour tous, avortement, euthanasie), à l'issue de la rencontre, François Hollande, dans une allocution (on ne peut pas parler de conférence de presse étant donnée que les questions n'étaient pas prévues) devant la presse, n'en n'a absolument pas parlé.

Le Vatican, lui, dans un communiqué, affirme qu'il a été aussi question de la famille et de bioéthique. "J'ai voulu exprimer au pape François le respect du peuple français pour son message de paix, de solidarité et de justice" a déclaré le président en parlant de "la simplicité rayonnante du pape" qui "impressionne, au delà des convictions." François Hollande a souligné les convergences entre le Saint Siège et la France sur les grands thèmes internationaux comme l'Afrique et en particulier la situation en Centrafrique mais aussi la Syrie. Il a demandé que le Vatican reçoive la Coalition Démocrate Syrienne, qui regroupe les principaux opposants au régime.

Terrain d'entente

Le président a souligné que la France se voulait la protectrice des lieux saints dont la liberté d'accès doit être garantie. Il a rappelé l'inquiétude commune pour les chrétiens d'Orient qui "doivent pouvoir rester là où ils sont depuis des siècles". Et a évoqué la prochaine Conférence sur le réchauffement climatique, qui se tiendra à Paris en 2015: la protection de l'environnement est également un souci commun, a t-il insisté, en citant le pape: "Dieu pardonne toujours, les hommes parfois et la nature jamais si on ne prend pas soin d'elle".

La convergence des points de vue est totale, également, sur l'accueil des réfugiés, les excès de la mondialisation, le trafic des êtres humains... François Hollande a souligné, enfin, comment la laïcité de la France incluait aussi la défense de la liberté religieuse, celle ci faisant partie des droits de l'homme et de la dignité de l'être humain. Le président a conclu en invitant le pape à se rendre en France lorsqu'il le voudra. Le bref séjour romain de celui qui a le même Saint Patron que le pape, comme l'a souligné ce dernier au moment de l'échange des cadeaux (M. Hollande lui a offert un livre sur Saint François), s'est achevé par un déjeuner à l'ambassade de France près le Saint Siège, sous les vrombissements des hélicoptères de la police.

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