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Notre-Dame de Paris: ce qu’il faut savoir sur les risques d’intoxication au plomb

Le plomb a pu se volatiliser sur l’Île de la Cité. BERTRAND GUAY/AFP

FOCUS - Un taux de plomb supérieur au niveau réglementaire a été détecté dans le sang d’un enfant vivant sur l’Île de la Cité. L’Agence régionale de santé francilienne invite les femmes enceintes et les plus jeunes à procéder à des tests sanguins.

300 à 400 tonnes. C’est la quantité de plomb contenue dans la toiture et la flèche aujourd’hui effondrées de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Alors que plusieurs associations se sont inquiétées depuis l’incendie du 15 avril dernier de la présence de ce métal particulièrement toxique dans et autour de l’édifice, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France a révélé lundi qu’un enfant de l’Île de la Cité présentait un taux de plomb dans le sang supérieur au seuil réglementaire. L’Agence invite les familles avec des jeunes enfants et les femmes enceintes vivant sur l’Île de la Cité à procéder à un dosage sanguin, appelé plombémie. Le Figaro fait le point sur la situation.

Le Laboratoire central de la préfecture de police de Paris a effectué le 17 avril des prélèvements aux abords de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ils révèlent des valeurs hétérogènes, pour certaines élevées, dans les sols à proximité et dans certains locaux administratifs, mais il n’y a pas pour autant de risque associé à la qualité de l’air. Face à ce constat, les sols en question ont été interdits d’accès au public. Leur dépollution va commencer dans les prochains jours.

» VOIR AUSSI - C’est quoi le plomb?

● Qu’ont prévu les autorités sanitaires?

L’Agence régionale surveille les conséquences des retombées de plomb après l’incendie de Notre-Dame de Paris. Alors qu’un enfant présente un taux de plomb supérieur au seuil réglementaire de 50 microgrammes par litre de sang, celle-ci a décidé de déclencher une «enquête environnementale» pour identifier, dans les lieux de vie de cet enfant, «la ou les causes de cette imprégnation et vérifier qu’elle n’est pas liée à d’autres facteurs que l’épisode exceptionnel» du sinistre survenu le 15 avril. Ce taux de plombémie (dosage du plomb dans le sang) «impose de s’assurer que les facteurs d’exposition ont bien disparu et de suivre régulièrement la santé de l’enfant» mais «il n’implique pas de prise en charge thérapeutique particulière», précise l’agence régionale de santé dans un communiqué.

L’ARS procède à des prélèvements dans les appartements de familles vivant à proximité de la cathédrale, pour s’assurer de l’efficacité des opérations de nettoyage effectuées. L’ARS va informer cette semaine individuellement les familles des résultats des prélèvements dans leur logement et les conseiller dans les gestes à adopter pour prévenir d’éventuelles réintroductions de poussières dans les logements.

● Des associations inquiètes

Quelques jours seulement après le sinistre, l’association Robin des Bois s’était alarmée. «Après la fusion d’au moins 300 tonnes de plomb dans les garnitures de la flèche et dans la toiture, l’emprise de Notre-Dame de Paris est un site pollué. La cathédrale est aujourd’hui rendue à l’état de déchet toxique», avait affirmé l’ONG dans un communiqué. L’association avait demandé que soit dressée une «cartographie de toutes les substances toxiques» présentes dans l’édifice, citant «les eaux d’extinction, les cendres, les suies, les gravats au sol et dans les parties aériennes».

L’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS) s’inquiète aussi depuis l’incendie du 15 avril. «Les pouvoirs publics n’ont pas publié, jusqu’à présent, de cartographie des repérages de pollution notamment en plomb de l’air, de l’eau et des sols, dans et autour de la cathédrale, peut-on encore lire sur son site internet. Les pouvoirs publics n’ont pas non plus organisé de réseau pour une information complète, précise et adaptée sur les risques sanitaires et les mesures de protection. Nous ne disposons donc en l’état actuel que de mesures individuelles».

● Que faire si l’on est concerné?

Les familles avec des jeunes enfants et les femmes enceintes vivant sur l’île de la Cité à Paris sont invitées à faire doser le plomb présent dans leur sang, a indiqué lundi l’ARS. «Par précaution», elles sont invitées «à consulter leur médecin traitant, qui pourra leur prescrire une plombémie». Pour les personnes qui le souhaitent, une consultation de dépistage sera mise en place sur rendez-vous au Centre de diagnostic de l’Hôtel-Dieu à partir de mardi. Pour les logements des riverains et afin d’éviter l’éventuelle ingestion de poussières de plomb, en particulier par les enfants, l’Agence a diffusé des conseils de prévention visant à opérer un nettoyage humide efficace des appartements.

● Quels risques?

Comme le rappelle l’AFVS, si le seuil réglementaire est de 50 microgrammes par litre de sang (et le niveau de vigilance de 25 pour les femmes enceintes et les moins de 18 ans), ce taux devrait être de zéro «puisque le plomb ne se trouve pas naturellement dans le corps où ses actions sans effet de seuil ne sont que toxiques». Le plomb présent dans l’organisme pénètre par les voies cutanées, respiratoires et digestives. Les particules sont invisibles à l’œil nu, inodores, sans goût particulier et ne provoquent pas d’irritations. Présentes pendant environ huit semaines dans les tissus mous (cerveau, rate, foie, reins…) et le sang, les particules de plomb migrent ensuite dans les os, où elles peuvent être stockées pendant plusieurs dizaines d’années.

Le risque principal est celui d’intoxication, connue sous le nom de «saturnisme». Les femmes enceintes et les jeunes enfants sont des sujets particulièrement à risque avec des effets délétères sur le système nerveux central, sur les organes de reproduction, ainsi que sur les reins, le sang, la tension artérielle, l’audition. «Il n’existe pas de traitement probant, la prévention a donc un rôle majeur», alerte l’AFVS.

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