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En tête à tête avec le Saint-Père, un moment inoubliable - Interview exclusive du pape François

Le pape François et notre reporter Caroline Pigozzi
Le pape François et notre reporter Caroline Pigozzi © Eric Vandeville
Caroline Pigozzi , Mis à jour le

Le pape François a accueilli lui-même l’équipe de Paris Match dans la résidence Santa Marta, construite à l’époque de Jean Paul II pour héberger les cardinaux. C’est dans ce bâtiment que le chef d’État du Saint-Siège a décidé de vivre et de travailler. Un intérieur austère éclairé par le charisme d'un pape qui fascine le monde entier.

Les cloches sonnent midi. Dans moins d’une demi-heure, le pape François, qui se trouve au synode sur la famille, dans un bâtiment voisin, doit rentrer à Santa Marta, l’hôtel des cardinaux et des hauts prélats, au cœur du Vatican, où il habite à l’ombre de Saint-Pierre. C’est là qu’est fixé notre rendez-vous, chez lui. Une résidence moderne, sans style, qu’il a choisi d’habiter dès son élection afin de ne pas se sentir enfermé dans le solennel et grandiose palais papal. Quatre pièces fonctionnelles, au décor sobre, où il ne risque pas de croiser des sœurs avec des « mines de piment au vinaigre », selon sa propre expression. Le sévère gendarme pontifical posté dans une guérite stratégique contrôle l’identité de l’équipe de Paris Match et passe un rapide appel téléphonique pour s’assurer que nous sommes inscrits à l’ordre du jour du Saint-Père, car on n’entre pas ici sans sésame. « Tutto a posto », c’est bon. 

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Quelques éminences distinguées font les cent pas dans l’entrée de marbre, guettant fébrilement l’arrivée du Souverain Pontife, pendant que son ami le cardinal du Honduras, Oscar Andres Maradiaga, s’éloigne à pied. Je n’ai pas dormi de la nuit. Depuis la veille, la rumeur veut que le prix Nobel de la paix soit attribué au Pape, ce matin, à 11 heures. Ce serait une raison légitime pour renvoyer notre entretien à une date ultérieure. On ne va quand même pas nous voler ce moment « béni » tant espéré… Le caractère indomptable de Jorge Mario Bergoglio s’exprime notamment dans cette liberté de décider lui-même de son agenda privé, en marge des structures officielles. C’est ma chance ! Je fais dans ma tête un rapide compte à rebours. En sortant du synode en début de matinée, j’ai pu constater que le Saint-Père était déjà attendu par nombre de participants. Mais, surprise, à ce moment-là je vois de loin s’avancer une silhouette blanche. Le pape François est seul, sans gendarme, secrétaire particulier ni garde suisse, et, quand il pénètre dans le hall silencieux de Santa Marta, tous les regards convergent vers lui. Le discret et stylé personnel vêtu de sombre se tient en retrait mais, lorsque le Souverain Pontife apparaît, même s’ils le voient chaque jour, c’est comme si la Terre s’arrêtait de tourner. Il porte un dossier sous le bras et se dirige vers moi en souriant. Je lui présente Marc Brincourt, notre rédacteur en chef photo, et Eric Vandeville, appareil numérique à la main. Nous sommes en noir, c’est la règle.

A voir: La vie de Jorge Mario Bergoglio avant de devenir le pape François

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Toutefois, avec François, qui a souhaité un protocole allégé, plus question de plonger pour baiser l’anneau papal. Nous nous inclinons en faisant un léger signe de la tête. Affable, le Saint-Père prononce quelques mots en français et nous invite à le suivre dans un petit salon donnant sur un jardin intérieur. Une pièce baignée d’une lumière douce, presque intime, avec quelques tableaux aux murs, des paysages et un portrait de Jean-Paul II, une vierge en bois et une jolie table piémontaise du XVIIIe.

Les coulisses de cet entretien exceptionnel

"Emus par tant de simplicité et de disponibilité"

Rien ne lui échappe, pas plus mes quatre magnétophones démodés à cassettes, que je viens de poser sur la table car j’ai trop peur de perdre un mot de cet échange extraordinaire, que les objectifs laissés sur le sol par le photographe. « Santita, commence-t-on par l’interview, le cadeau ou les photos ? » Je vois qu’il regarde alors furtivement en direction du tableau de Thérèse de l’Enfant-Jésus, la sainte qu’il appelle « Teresina » et à laquelle il demande régulièrement des grâces. « Santita, j’ai trouvé ce portrait en Normandie chez des religieuses qui déménageaient. » Il rit, me remercie chaleureusement puis le dépose près de la porte. Je ne résiste pas ensuite à lui faire découvrir notre numéro avec six pages de reportage sur son voyage à Cuba, encore impressionnée par cette messe inoubliable, il y a trois semaines, place de la Révolution à La Havane . J’ai un flot de questions. Bien sûr, je l’avais à plusieurs reprises rapidement interviewé, dans son avion en rentrant de Rio, de Tirana, de Strasbourg, de Sarajevo… mais sans avoir eu jusque-là le privilège inouï d’être seule face à lui.

On peut le constater en public, à Rome lors des audiences générales du mercredi et à l’occasion de ses déplacements qui se transforment toujours en événements médiatiques : ce Pape est charismatique, son timbre de voix apaisant, rassurant, et sa façon de parler italien en glissant des tournures de phrase espagnoles rendent ces moments rares aussi spontanés que singuliers.

Caroline Pigozzi nous raconte son entretien avec le pape François

Emus par tant de simplicité et de disponibilité, nous oublions presque que nous nous trouvons devant la personnalité la plus puissante au monde, comme viennent de le qualifier les journalistes américains après sa récente visite historique aux Etats-Unis. Nous avons passé avec le Pape un moment si exceptionnel que le temps ne semble plus avoir de prise. D’ailleurs, exquise délicatesse, le Pape non plus ne regarde pas sa montre.

Ce vendredi 9 octobre, comme le 6 août dernier, restera une date gravée dans ma mémoire quand le Souverain Pontife m’a téléphoné sur mon portable. « Hola Carolina. » Evidemment, j’avais cru reconnaître son accent, tout en me disant que je rêvais. Impensable en effet d’imaginer avoir Sa Sainteté en personne au bout du fil. C’est alors qu’il me promit une interview. Je n’osais pas, bien sûr, lui demander quand. Il reste toujours une part de mystère au Vatican. On ne pose pas ce genre de question à l’homme le plus occupé de la terre. Depuis ce matin-là, mon cœur battait très fort. Et un jour, tout est allé très vite.

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Retrouvez l'interview exclusive du pape François accordée à Caroline Pigozzi, dans Paris Match numéro 3465, en vente en kiosque et sur iPad.

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