« Il est évident que le code du travail doit s’appliquer, mais nous souhaitons aussi que ceux qui travaillent sur ce chantier puissent le faire avec le même enthousiasme qu’au début et avec un bon moral. C’est cela qui nous préoccupe ! » Lors d’une conférence de presse à la maison diocésaine de Paris, mardi 15 octobre – six mois après l’incendie du 15 avril –, Mgr Benoist de Sinety, vicaire général et représentant de l’archevêque de Paris auprès du futur établissement public pour la restauration de Notre-Dame, n’a pas masqué une certaine impatience alors qu’il était interrogé sur le ralentissement du chantier de sécurisation de Notre-Dame.

En effet, comme l’a déclaré à La Croix Mg Patrick Chauvet, recteur de Notre-Dame de Paris, « les opérations de sécurisation ont été considérablement ralenties depuis la reprise des travaux» le 19 août. Et ce du fait des combinaisons que les ouvriers doivent enfiler quand ils pénètrent dans la cathédrale et des douches qu’ils doivent prendre à chaque fois qu’ils en sortent pour éviter tout risque de contamination au plomb.

Or « il est urgent, à l’approche de l’hiver et des risques de tempêtes », comme l’a souligné Mgr de Sinety, de démonter l’échafaudage métallique de 600 tonnes installé pour restaurer la flèche et qui a fondu dans l’incendie. « Un autre échafaudage doit être installé par-dessus celui-ci, afin de permettre aux cordistes de démonter pièce par pièce », a poursuivi le vicaire général en estimant qu’il faudra « trois à quatre mois » pour cela.

Le diagnostic attendu pour l’été 2021

Ce n’est donc pas avant mars 2020 que la sécurisation de la cathédrale sera terminée. Et ce n’est qu’à partir de ce moment-là que pourra commencer le diagnostic, attendu pour l’été 2021.

Mais cela n’empêchera de « pouvoir célébrer à nouveau dans Notre-Dame d’ici quelques mois », selon Mgr de Sinety. Car, de même que le culte s’était poursuivi dans Notre-Dame pendant les travaux de restauration d’Eugène Viollet-le-Duc qui durèrent vingt ans (de 1843 à 1864), il devrait être possible de « célébrer sous les bâches et les échafaudages ».

Parallèlement, devrait être mis en place « en novembre, en tout cas avant Noël », selon Mgr de Sinety, l’établissement public administratif en charge des travaux de Notre-Dame, dirigé par le général Jean-Louis Georgelin.

En attendant, le diocèse de Paris lance un concours de dessins d’enfants (1). Eux qui seront les visiteurs de demain de la cathédrale, ont jusqu’au 1er mars, comme l’a expliqué Mgr de Sinety, pour « dessiner Notre-Dame, l’église que vous connaissez, ou l’église que vous imaginez ». Les dessins seront « sélectionnés et imprimés sur les bâches du chantier, au moment du premier anniversaire de l’incendie, le 15 avril ».

Des initiatives caritatives

Rappelant qu’« au Moyen Âge, on construisait toujours des hôtels-Dieu à proximité des cathédrales », Mgr de Sinety a également évoqué des initiatives caritatives à venir aux abords de la cathédrale. L’Ordre de Malte, qui distribuait auparavant des petits-déjeuners dans le jardin de Notre-Dame, va le faire à nouveau à l’Hôtel-Dieu. De même, dans les locaux de l’AP-HP et en lien avec le Secours catholique et l’association Aux Captifs la libération, des soins seront prodigués aux personnes fragiles psychiquement.

De son côté, Christophe Rousselot, délégué général de la Fondation Notre-Dame, a rappelé que le fonds Cathédrale de Paris (sous l’égide de la Fondation) a déjà collecté « 37 millions d’euros provenant de 47 000 donateurs de 109 pays », ainsi que 360 millions d’euros de promesse de dons (2). Selon Christophe Rousselot, « la plupart de ces promesses de dons sont devenues des engagements fermes après signature d’une convention ».

Ainsi, les familles Arnault et Pinaut se sont engagées chacune pour 100 millions d’euros ; les familles Bouygues et Decaux se sont engagées chacune pour 10 millions d’euros ; le groupe LVMH s’est engagé pour 100 millions ; le groupe Axa pour 5 millions ; la fondation Michelin pour 1 million…

Enfin, le père Gilles Drouin, directeur de l’Institut supérieur de liturgie (ISL) et délégué de l’archevêque pour l’aménagement de la cathédrale, a constitué un atelier Notre-Dame avec des architectes, des historiens d’art ou des théologiens, afin de réfléchir autour de quatre axes : l’aménagement liturgique de la cathédrale ; l’accompagnement des 13 millions de visiteurs annuels en aménageant notamment les 26 chapelles qui rayonnent autour du chœur pour « proposer un parcours et une initiation au mystère » ; accueillir ces mêmes visiteurs avant qu’ils entrent dans la cathédrale pour les aider à comprendre l’édifice et en mettant à leur disposition un espace d’accueil ; repenser « la présence chrétienne dans l’hypercentre de Paris » en lien avec les autres églises de ce quartier.

(1) Ces dessins sont à envoyer à : Opération « Dessine-moi Notre-Dame », Maison diocésaine de Paris, 10 rue du Cloître-Notre-Dame, 75 004 PARIS.

(2) Au total, 922 millions d’euros de dons et promesses de dons ont été reçus par les trois fondations - Fondation Notre-Dame, Fondation du patrimoine, Fondation de France - et le Centre des monuments nationaux.