Le débat sur la pollution au plomb après l’incendie de Notre-Dame n’est pas près de s’arrêter. On a appris lundi 29 juillet que l’association Robin des bois avait, trois jours plus tôt, déposé plainte contre X, auprès du tribunal de grande instance de Paris, pour « mise en danger délibéré de la personne d’autrui » et « non assistance à personne en danger ».

« Les autorités ont failli dans leur rôle d’information des populations sur les risques encourus et elles ont fait preuve de négligence dans la mise en œuvre des mesures pour réduire les risques liés à l’exposition », affirme Jacky Bonnemains, le directeur de l’association, en pointe sur les questions de pollution. Dans son viseur, la mairie de Paris, le ministère de la Culture, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France, la préfecture de police de Paris et la préfecture d’Île-de-France.

Le chantier de Notre-Dame suspendu

Ce dépôt de plainte intervient après la fermeture « sine die » de deux écoles le 25 juillet par la mairie de Paris en raison de concentrations de plomb élevées constatées dans la cour des deux établissements. Dépassant le seuil de référence de 5 000 µg/m2 fixé par ARS d’Île-de-France, le taux est descendu après un premier lavage à 3 500 µg/m2, un niveau toutefois encore trop élevé pour permettre la réouverture des écoles, qui accueillaient des enfants dans le cadre d’un centre de loisirs.

Le 25 juillet également, le préfet d’Île-de-France Michel Cadot a annoncé lors d’une conférence de presse la suspension du chantier de Notre-Dame de Paris afin de « mettre à plat » les règles de précaution sanitaires pour les ouvriers exposés au plomb, celles-ci n’étant « pas suffisamment appliquées ».

Mesures de prévention prises

Le dépôt de plainte et ces annonces constituent de nouvelles brèches dans le discours rassurant tenu depuis l’incendie du 15 avril, qui a provoqué une pollution liée à la fonte de près de 400 tonnes de plomb contenues dans la flèche et la toiture de la cathédrale. Début juillet, Mediapart avait accusé les autorités de minimiser les risques, une lecture partagée par Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Lors d’une conférence de presse le 19 juillet, l’Agence régionale de Santé d’Île-de-France avait reconnu des concentrations de plomb élevées dans quelques points chauds, dont le chantier et le parvis de la cathédrale. Mais ailleurs, et notamment dans les écoles du quartier, elle avait assuré que les taux étaient sans risque pour la santé et que toutes les mesures de prévention avaient été prises.

« La santé des enfants est la priorité de la Ville de Paris. Aucune crèche ou école n’aurait ouvert si le moindre risque sanitaire était avéré pour eux ou les agents qui travaillent auprès d’eux », a souligné la mairie de Paris le 25 juillet dans un communiqué. « Nous voulons que les responsabilités soient établies dans l’action ou l’inaction des pouvoirs publics », réplique Jacky Bonnemains, dont l’association avait alerté sur les risques sanitaires liés à la pollution au plomb dès le 19 avril.

Le plomb est un contaminant toxique, même à faible dose. Classé « probablement cancérigène pour l’homme » en 2004, il peut provoquer des maladies graves en s’accumulant dans l’organisme. À la suite d’une exposition chronique, le plomb peut être responsable d’anomalies lors de la reproduction. Les enfants, enfin, sont particulièrement sensibles à l’intoxication par le plomb, qui peut se traduire par des effets sur le système nerveux central.