VoilĂ que nous avons un nouvel horizon. Le 11 mai serait la fin de cet enfermement. Mais sera-t-il la fin de notre inquiĂ©tude ? InquiĂ©tude de la maladie qui, on le sait, ne sera pas Ă©radiquĂ©e si vite, inquiĂ©tude pour notre travail, celui de nos enfants, inquiĂ©tude enfin pour un monde que l’on devine infiniment fragile. Ă€ travers ce qui s’exprime, on sent tellement de dĂ©couragement. Tant d’efforts, d’espoirs, de projets d’avenir sont mis Ă mal. Non, le monde d’avant ne sera plus. Cette certitude s’infiltre peu Ă peu dans l’esprit de nos contemporains, tel un poison qui mine le moral et notre espĂ©rance. Au siècle des mystiques, le dĂ©couragement venait de la tentation de croire qu’on Ă©tait damnĂ©. Ce n’est certes plus le cas aujourd’hui. Et nos dĂ©couragements se nourrissent de bien d’autres choses. Mais la littĂ©rature spirituelle chrĂ©tienne, qui abonde en rĂ©cits d’expĂ©riences de dĂ©couragement, propose de sages conseils, propres Ă nous remettre en selle. Et qui n’ont rien perdu de leur pertinence. D’abord, et je me permets ici de plagier les Exercices spirituels d’Ignace, s’interdire d’écouter l’esprit mauvais, qui attriste, met des obstacles, inquiète par de fausses raisons, et empĂŞche d’aller de l’avant. Ensuite, ne pas s’exhorter au courage qui, selon François de Sales, n’est pas un bon antidote au dĂ©couragement. Mais plutĂ´t garder confiance, autre nom de la foi. Le monde ne sera plus comme avant ? Non. C’est vrai… Mais s’il Ă©tait meilleur ?
Sophie de Villeneuve,
rédactrice en chef de Croire