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Commémoration du 11 Novembre
Fête de l’Armistice
« Heureux les artisans de paix, ils seront appelés Fils de Dieu ».
Frères et Sœurs,
Ce matin, nous voulons honorer la mémoire de tous ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour défendre notre pays, notre peuple et nous voulons implorer ensemble d’auprès de Dieu le don de la paix pour nous-mêmes, notre pays qui connaît d’importantes menaces, pour tous les peuples en guerre et pour notre monde.
Le Seigneur Jésus appelle « bienheureux » ceux qui construisent la paix. Il est sûr qu’il est plus facile dans notre monde actuel de souligner ce qui oppose les hommes, ce qui nous différencie, ce qui nous sépare, plutôt que ce qui est bon et qui nous relie. Notre monde connaît des bouleversements importants : politiques, sociétaux, qui semblent menacer la paix, mais reconnaissons-le, une paix déjà bien fragile, bien précaire, qui repose sur des équilibres peu solides. L’Evangile que nous venons d’entendre semble pouvoir être transposé quasiment tel quel à notre monde. Jésus nous appelle à revenir à Dieu. On ne peut pas construire la paix si on ne la fonde pas en Dieu, source et principe de toute paix. La paix que nous recherchons, la paix que nous construisons, ne peut résulter de systèmes de pensée, de systèmes politiques qui nous disent qui sont les bons, qui sont les méchants, qui sont ceux qui pensent bien, qui sont ceux qui pensent mal.
L’an dernier, à partir de la belle figure de St Martin, nous avions médité sur la paix, qui commence à se construire à partir de notre combat contre le péché. Cette année, en partant de la première lecture, nous pouvons méditer sur la paix, fruit de l’Amour. On est en paix avec les autres lorsqu’on les aime. Construire la paix, c’est donc apprendre à aimer les autres, mais à aimer en vérité.
Partant de la première lecture, je voudrais reprendre trois points d’attention relatifs à la question de l’amour : « Aimons-nous les uns les autres » nous dit St Jean.
Aimer, c’est tout d’abord être capable de se donner par amour pour une cause qui nous dépasse, qui dépasse mon propre intérêt, mon ego. Un amour vrai porte en lui une dimension sacrificielle. Comment ce matin ne pas honorer toutes ces vies fauchées, toutes ces vies de famille détruites par la guerre, pour des hommes qui ont accepté le risque de perdre leur vie, qui ont assumé le risque du sacrifice pour une cause qui les dépassait ? La paix a un prix et elle nous repose cette question : que suis-je prêt à donner, à offrir, à sacrifier pour la paix ?
Aimer, nous redit St Jean, c’est aussi aimer en vérité ; c’est être cohérent entre ce que je dis, ce que je professe et la manière dont je vis. Aimer en vérité, c’est accepter d’aimer les autres tels qu’ils sont, avec une manière différente de penser, de vivre. L’amour vrai implique le respect de la différence.
Enfin, aimer, c’est aussi et d’abord « écouter ». Vous savez que l’on dit souvent que le premier commandement chrétien est « d’aimer Dieu et son prochain comme soi-même. » Pour être un peu plus exact, la réponse de Jésus au Pharisien qui lui demande quel est le premier des commandements est celle-ci : « Ecoute Israël ; Le Seigneur notre Dieu est l’unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force ; et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le premier commandement est donc : « Ecoute Israël ». Aimer est donc possible parce que l’on écoute. Or aujourd’hui, nous vivons dans un monde où l’on écoute plus en vérité. On ne prend plus le temps d’écouter. On subit la dictature du bruit. Mais Dieu parle dans le silence ; Dieu parle dans les évènements de notre vie, de notre monde. Mais on n’écoute plus ! Un médecin écoute son malade. Un prêtre écoute et Dieu et ses paroissiens. Un homme politique écoute ce que lui dit son peuple. Une écoute véritable révèle un amour vrai ; et un amour vrai permet l’émergence d’une paix véritable.
La paix est menacée quand on ne sait pas écouter, quand on ne prend pas le temps d’écouter l’autre. Tout part de là. Demandons au Seigneur par l’intercession de St Martin qu’Il nous apprenne à toujours écouter en vérité . Dans ce monde qui change rapidement et de manière brutale, revenons à Dieu, source de paix véritable. « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu. » Amen !