Homélie de la messe du 29ème Dimanche du Temps Ordinaire du Père Michel DAUBANES, vicaire général.

Lorsqu’on s’engage dans une Equipe d’Animation Pastorale, c’est parce qu’on y a été appelé. Les textes de la Parole de Dieu de ce 29^ème dimanche du Temps Ordinaire évoquent largement l’appel de Dieu, et c’est tout à fait heureux de pouvoir resituer le début de la mission de votre nouvelle EAP dans ce cadre-là.

Il y a d’abord Cyrus, dans la première lecture. Qui est ce personnage ? C’est un roi, le roi de Perse, un païen donc, que le Seigneur a appelé pour lui confier une bien grande mission : celle de mettre un terme à l’exil à Babylone et de permettre ainsi aux Juifs de revenir à Jérusalem pour retrouver leur terre, leur ville, leur Temple. Le prophète Isaïe nous dit qu’il est le messie du Seigneur – rien de moins ! et que c’est bien grâce à ce choix de Dieu, cette consécration qu’il peut accomplir une aussi grande mission. Il en parle en termes affectueux : Il l’a pris par la main, Il l’a appelé par son nom, Il lui a donné un titre alors qu’Il ne le connaissait pas, Il l’a rendu puissant, pour exercer ce pouvoir sur les nations qui étaient hostiles à Israël, l’élu de Dieu.

Je pourrai aussi évoquer l’appel des premiers disciples par Jésus, sur le bord du lac de Tibériade, le choix de ces pêcheurs ordinaires qui jetaient leurs filets dans la mer, Simon et André puis Jacques et Jean.

Il y a aussi l’appel du Seigneur dont ont bénéficié les Thessaloniciens, d’après Saint Paul. Dans la deuxième lecture, avec les premiers mots de la première lettre qu’il leur a adressée, Saint Paul les salue de la part du Seigneur, puis il leur rappelle qu’ils ont été choisis par Dieu, qu’ils sont les frères bien-aimés de Dieu. En plus, ces mots d’encouragement, de reconnaissance, presque de félicitations pour leur foi, ces mots ne s’adressent pas à quelques-uns mais bel et bien à l’ensemble de la communauté, ils sont collectifs. Autrement dit, ils ont tous fait l’objet de cet amour, de cette préférence de Dieu. Et ils ont pu grandir dans la foi du fait de l’action par ailleurs pas seulement de Paul mais aussi de Silvain et Timothée, action de l’Esprit Saint en eux, à travers eux.

L’appel de Monique, Edouard, Freddy, René et François pour le service de votre paroisse est à resituer dans la continuité de cette histoire sainte. Aujourd’hui, c’est bel et bien l’Eglise de Dieu, par Mgr Nourrichard successeur des apôtres à Evreux que le Seigneur les a appelés. Par le baptême et la confirmation qu’ils ont reçu, la puissance de Dieu agit en eux, et ils sont à même – c’est l’appel de l’évêque qui le leur garantit, de participer à l’exercice de la charge pastorale confiée à votre curé, le P. Julien.

Après, la question que l’on peut se poser, c’est pourquoi faire ? Etre appelé par Dieu est une grande grâce, mais pour quelle mission exactement ? Et c’est là que nous pouvons évoquer l’Evangile de ce dimanche, un passage de celui de Saint Matthieu. Dans un contexte tendu – les pharisiens et les partisans d’Hérode n’ont qu’un seul objectif : tendre un piège à Jésus, ils lui demandent s’il est permis de payer l’impôt à César. Et Jésus a cette réponse, valable en tous temps et en tous lieux et que nous pouvons donc nous appliquer à nous-mêmes : Rendez…à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Je ne peux pas ne pas évoquer ici à Verneuil ce qui relève de l’évidence même : nous devons rendre à César ce qui lui appartient, et donc nous acquitter de nos obligations fiscales, de nos obligations légales. Les chrétiens ne sont pas au-dessus des lois. La pensée sociale de l’Eglise a au fil des siècles dégagé un certain nombre de points fondamentaux en morale sociale et politique, nous devons les appliquer. Nous sommes engagés dans le monde et soumis aux lois de ce monde. Mais nous devons dans le même temps rendre à Dieu ce qui relève de Lui, c’est à dire tout : la vie qui nous a été donnée, la foi qui nous permet d’avancer en toutes circonstances, l’espérance dans laquelle nous sommes toujours ancrés, l’appel qui nous est adressé et qui est source de bonheur au service des autres. L’appel de Dieu sur nous est invitation à Lui rendre grâce, à faire de notre vie une action de grâce pour ce que nous vivons, ce que nous sommes. Rendez…à Dieu ce qui est à Dieu. Le verbe rendre revient souvent dans le Psaume 95 avec lequel nous avons prié ce matin : Rendez au Seigneur, familles des peuples, rendez au Seigneur la gloire et la puissance, rendez au Seigneur la gloire de son nom. Si nous sommes appelés, frères et sœurs, c’est pour glorifier Dieu, pour Lui rendre grâce. Rendre grâce par notre prière, par nos chants, par nos mains élevés vers le ciel quand nous nous tournons vers le Père, par nos vies, nos vies tout à fait ordinaires. Soyons clairs : il n’est pas facile d’être chrétien, dans un monde où parfois l’idéologie laïciste contraint à mettre sa foi de côté, à la vivre en pointillé. C’est là notre mission. Et quant aux membres laïcs de l’EAP, ils sont là pour réfléchir avec le curé les propositions qui sont à mettre en œuvre pour que l’ensemble du peuple chrétien rende grâce de la sorte. Quelques-uns sont là, pour que tous puissent répondre à leur vocation baptismale, à l’appel à la sainteté qu’ils ont reçu le jour de leur baptême. Cela passera par une insistance sur la prière, des temps de formation, de compagnonnage en communauté, que sais-je encore ?…

Cela ne se fera de toute façon que si vous vivez dans la prière, comme Paul, Silvain et Timothée. Et le vœu que je forme pour votre communauté paroissiale, la prière que j’adresse au Seigneur, c’est que, au terme de votre mission, l’Eglise puisse porter un regard sur vous et dire, comme Saint Paul envers les chrétiens de Thessalonique, ô combien votre foi est active, votre charité se donne de la peine et votre espérance tient bon en Jésus Christ.

Amen.