Il y a deux mois, le pape François clôturait le premier synode qu’il avait convoqué à Rome. La seule manière dont ont été conduits les débats sur la famille au cours de cette assemblée témoigne d’évolutions ecclésiologiques en cours. S’il faut attendre le Synode d’octobre 2015 pour obtenir des éléments de repère face aux évolutions que connaissent nos familles, c’est dès maintenant que le pape François met en œuvre la réforme de l’Église dont il parle dans son exhortation apostoliqueEvangelii gaudium.
Il est donc déjà possible de repérer quelques éléments de ces innovations voulues par le pape François, au titre de la primauté que l’Église lui reconnaît comme évêque de Rome. Il faut reconnaître que la première de ces innovations, et non la moindre, n’est pas directement de lui, mais de son prédécesseur qui a posé un acte de liberté en renonçant à la charge qu’il avait acceptée en 2005. Par là , Benoît XVI a signé son ultime acte de réception du concile Vatican II auquel il avait participé comme expert dès 1962. Comme professeur de théologie, comme archevêque de Munich, comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi puis comme pape, il a joué un rôle à la fois considérable et unique dans la réception de Vatican II. Prenant, en conscience, la décision qu’il a estimée la plus juste pour la responsabilité qu’il exerçait et pour lui, Benoît XVI a montré les effets d’une liberté intérieure donnée par l’Évangile, ce qui aujourd’hui encore reste une leçon spirituelle, pour tous les responsables politiques ou religieux, et pour tous les chrétiens. Ce n’est donc pas seulement sur le plan juridique que cet acte de renonciation relève de l’exercice de la primauté romaine, mais aussi comme enseignement sur la liberté chrétienne et sur la nature du ministère singulier d’évêque de Rome.