Membre de l’association “Les Amis de Van” qui porte la cause de la béatification de Marcel Van, Pierre-Marie Girardot raconte les circonstances de la révélation de la prière pour la France, que Jésus a confiée au jeune religieux vietnamien en 1945. La veille du jour de la fête nationale, une prière à redécouvrir.
C’est un 10 juillet, en 1959, que meurt Marcel Van, religieux rédemptoriste vietnamien, dans un camp de “rééducation”. Après une tentative d’évasion pour aller chercher des hosties pour ses codétenus, il est repris, battu et enfermé dans un cachot. Il rend le dernier soupir à l’âge de 31 ans, après quatre années de détention. Le jeune mystique dialoguait avec le Ciel : “Dieu m’a confié une mission : celle de changer la souffrance en bonheur. Je ne supprime pas la souffrance, mais je la change en bonheur” (Autobiographie, 439).
Colloques avec le Ciel
La transcription de ses dialogues avec Jésus, Thérèse de l’Enfant Jésus et la Vierge Marie, est consignée dans les “Colloques”. Son père spirituel, le père Antonio Boucher, un rédemptoriste canadien, les présente comme “des écrits confidentiels” reçus pendant son noviciat, durant les années 1945 à 1947. Il en parle ainsi : “D’abord, j’ai été profondément touché de l’incroyable familiarité et de la tendresse dont le frère Marcel a été l’objet de la part de ses interlocuteurs célestes. D’autre part, sa vie exemplaire, sa limpidité d’âme, sa parfaite obéissance à son directeur et sa générosité en face du sacrifice me donnent un préjugé favorable, touchant la véracité et l’authenticité de ces communications, cela évidemment, avec toute la réserve qui s’impose, ne voulant en rien anticiper sur le jugement final, qui revient de droit à la Sainte Église.” À sa demande, le père Boucher reçoit les textes écrits par Van. Il précise : “Frère Marcel m’a confié qu’il hésitait à accepter avant d’avoir consulté son directeur. Jésus lui a répondu : “C’est bien. Je te permets de demander conseil à ton directeur ; cependant je suis certain que ce dernier sera aussi d’accord… Maintenant je te parle. Ce que tu pourras retenir, écris-le” (Colloques, 1-2).
Jésus lui parle de la France
On apprend ainsi qu’en 1945, le frère Marcel aurait reçu de Jésus une prière pour la France. C’est en novembre 1945, Jésus lui parle de la France. En recevant des révélations concernant le peuple français, touchant notamment à la situation politique à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Van demande avec une simplicité touchante qui lui est propre : “Mon Jésus, je ne comprends pas grand-chose à tes paroles adressées à la France. Est-ce que ça va quand même ?” (Autobiographie, 97.) Jésus lui confie :
“N’oublie pas le pays que j’aime le plus, tu entends, le pays qui a produit la première petite fleur et en a fait naître beaucoup d’autres depuis lors. […] C’est en France que mon amour s’est tout d’abord manifesté. Hélas ! mon enfant, pendant que le flot de cet amour coulait par la France et l’univers, la France, sacrilègement, l’a fait dériver dans l’amour du monde de sorte qu’il va diminuant peu à peu… C’est pourquoi la France est malheureuse. […] Souviens-toi de prier pour que le pays que j’aime et chéris particulièrement ait le courage de se sacrifier pour le “règne de mon amour.” Pour ce qui est de ton pays, le Vietnam, à vrai dire, la France est actuellement son ennemie ; mais dans l’avenir, elle fera de lui un pays qui me rendra un plus glorieux témoignage” (Autobiographie, 74-76).’
La prière pour la France
Dans son autobiographie, Van ne cache pas ses sentiments envers la France. S’adressant à son directeur spirituel, il lui avoue : “Cher Père, […] permettez que je vous donne ici franchement quelques explications au sujet de mes sentiments de “haine contre les Français”. À vrai dire, je n’ai jamais fait de politique de ma vie ; je ne comprenais pas clairement le sens du mot révolution” (Autobiographie, 619). C’est ainsi qu’il reçoit de Jésus la prière pour la France : “Petit enfant de mon amour, je vais te dicter une prière et cette prière je veux que les Français me la récitent… :
“Seigneur Jésus, aie compassion de la France, daigne l’étreindre dans ton amour et lui en montrer toute la tendresse. Fais que, remplie d’amour pour toi, elle contribue à te faire aimer de toutes les nations de la terre. Ô amour de Jésus, nous prenons ici l’engagement de te rester fidèles et de travailler d’un cœur ardent à répandre ton règne dans tout l’univers. Amen.”
Le message est assorti de précisions :
“Cette prière est sortie de mon cœur brûlant d’amour et je veux que les Français soient les seuls à la réciter. Quant à toi, mon enfant je veux que tu la récites aussi, mais tu la réciteras également en français (ton directeur y pourvoira) ; car j’ai voulu, ô ma petite fleur, que dès le début de ta croissance, tu sois orienté par la petite fleur de France, vers le soleil de mon Amour. […] Ô mon enfant, je ne veux qu’une chose, c’est que la France répande et protège mon amour dans ce pays du Vietnam. Je ne demande pas à la France de gouverner extérieurement comme autrefois. […] Laisse-moi t’expliquer. J’ai l’intention de parler ici des prêtres français qui devront se sacrifier beaucoup sur cette terre du Vietnam pour y consolider mon amour.”
Le royaume du Christ
En recevant le message spirituel de Van, avec l’invitation à prier pour la France dans le contexte difficile que nous vivons aujourd’hui, marqué par des violences de toutes sortes, nous ne perdons jamais de vue l’universalité de l’Église et la spécificité de chaque nation, comme l’a écrit Benoît XV en 1919 dans la lettre apostolique Maximum illud : “L’Église est catholique. Dans aucune nation, dans aucun peuple, elle n’est étrangère. […] Rappelez-vous que vous ne devez pas travailler à étendre un royaume des hommes, mais celui du Christ, ni à recruter de nouveaux sujets pour une patrie terrestre, mais pour celle d’En Haut.”
Pratique
Pour plus d’information : www.amisdevan.org