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Mgr Jordy: «L’Occident ne doit pas oublier les chrétiens de Terre Sainte»

La nouvelle présidence des évêques de France, installée le 1er juillet dernier, s’est rendue pendant cinq jours en Terre Sainte du 16 au 20 août. La délégation conduite par le cardinal Jean-Marc Aveline est venue pour exprimer sa solidarité en Église et en humanité aux chrétiens éprouvés de la région, ainsi qu’à tous les acteurs de paix, sur la terre meurtrie du Christ. Bilan d’un pèlerinage pour écouter, communier et comprendre, avec Mgr Vincent Jordy, vice-président des évêques de France.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

Quelles difficultés et douleurs vous ont le plus marqué au sein des populations rencontrées depuis votre arrivée samedi 16 août?

Il est frappant de voir à quel point la tristesse est partout dans tous les cœurs. Nous avons rencontré des musulmans, des chrétiens, des juifs, et personne n’est en gaieté de cœur aujourd’hui. Il y a des divisions terribles entre les communautés qui s’ignorent de plus en plus. Moins on se connait, plus on devient suspicieux et les risques de tensions, surtout pour les générations à venir, s’accroissent. La confrontation prend la place de la relation. Les peurs montent. Le risque de violences et d’agressivité grandit. Le plus frappant a été quand les Palestiniens chrétiens nous ont dit: «Vous êtes venus en pèlerins mais, nous, nous n’avons pas le droit de sortir de Bethléem pour aller à Jérusalem prier au Saint-Sépulcre». Ils habitent à quelques kilomètres, nous pouvons y aller, ils ne le peuvent pas. C’est une vraie souffrance de l’impossibilité d’aller vers les autres, de rejoindre sa famille, parfois tout simplement d’aller travailler ou à un rendez-vous médical. Une religieuse de Bethléem nous racontait comment une personne qui emmenait sa nièce à l’hôpital pour un examen en passant par un checkpoint s’est vu essuyer un refus car il ne s’agit pas de sa maman, mais de sa nièce. La petite fille malade, submergée d’émotion, ne s’en est pas remise. C’est un petit exemple emblématique de ce quotidien extrêmement difficile qui épuise, affecte, et parfois, humilie les populations. Une autre religieuse francophone nous confiait qu’elle-même devant passer par un checkpoint pour aller travailler dans un hôpital sentait parfois en elle monter une vague de violence face à cette injustice, et cela malgré toute sa vie spirituelle. Ces mesures par moment douloureuses et séparatrices entre les personnes font le lit de prochaines tensions et de l’incapacité, demain, à pouvoir s’écouter. 

Dans un quotidien aussi compliqué, quel état d’esprit prédomine dans les communautés religieuses? Ressentent-elles une solitude accrue?

Cela doit faire douze ou treize fois que je viens en Terre Sainte. Depuis la dernière, en septembre 2019 avant le Covid, je ressens combien de nombreuses communautés sont aujourd’hui fragilisées. Même si les situations diffèrent selon les lieux, nous avons bien mesuré le vieillissement des populations, le manque de vocations… Les communautés françaises que nous avons rencontrées sont parfois toutes petites. Par exemple à Aïn Karem, trois sœurs de Saint-Vincent-de-Paul s’occupent, seules, de 55 personnes handicapées avec un courage extraordinaire. Comme nous disait le cardinal Pierbattista Pizzaballa ce mardi matin, à l’inverse de ce qui peut se produire en Occident, en Terre Sainte, lorsqu’une communauté religieuse ferme, c’est une partie de l’Église qui disparait. Car l’Église ici est constituée de toutes petites réalités au milieu d’un grand monde musulman et juif. Il y a un vrai drame silencieux de ces communautés religieuses françaises, qui représentent aussi pourtant une présence française, la culture française, la langue française et le rayonnement français. Elles sont en grande fragilité malgré leur héroïsme.

Quelles traces de résilience et d’espérance percevez-vous parmi les communautés et populations chrétiennes?

Notre visite est un signe d’espérance car nous voulons dire que l’Occident n’oublie pas les habitants de Terre Sainte, mais l’espérance ici est difficile. Il y a des formes de résignation à certains endroits, et partout en particulier chez les chrétiens, certains ont envie de partir du pays. Je pense à ce jeune garçon de 28 ans qui travaille dans l’informatique à l’université de Bethléem et ne peut pas se rendre à Jérusalem pour voir sa fiancée. Il assure qu’ils partiront dès qu’ils le pourront. La résilience est difficile à vivre. Nous avons rencontré le ministre en charge du Tourisme au sein du gouvernement palestinien, ses trois enfants sont partis vivre aux Etats-Unis ou en Grèce. Même à l’intérieur des familles, il est difficile d’encourager les jeunes à rester ici alors que pour l’instant, il n’y a pas de signes positifs. Nous sommes devant une question politique compliquée et des formes de violences du point de vue institutionnel.

Après un tel pèlerinage, de quelle manière comptez-vous aider la Terre Sainte?

Nous pensons à plusieurs choses, mais le témoignage et la reprise des pèlerinages en sont les premières. Le but est de témoigner et de dire la vérité sur ce que nous avons vu. On nous l’a demandé ici-même, car il y a une certaine forme de crainte, notamment chez les chrétiens, à propos d’une information en Occident qui ne soit pas fiable, authentique et vraie, qu’elle soit instrumentalisée. Ensuite, pour que la population ne parte pas, le tourisme des pèlerins, essentiel aux conditions économiques et sociales, doit repartir. Nous allons réfléchir à la manière d’organiser des petits pèlerinages, avec des mesures de sécurité adéquates, en attendant l’évolution de la sécurité. Ils doivent reprendre, non pas seulement comme du tourisme, mais comme des pèlerinages à la rencontre de populations locales en souffrance, afin qu’elles ressentent une solidarité en humanité et en christianisme.

Nous sommes en Année jubilaire, les pèlerinages convergent plus vers Rome que Jérusalem. Que dire aux fidèles pour les convaincre de revenir en Terre Sainte?

Tout est prêt. Lundi matin, nous avons vécu quelque chose d’inédit. Arrivé à l’église de la Nativité à Bethléem, d’habitude il faut vingt minutes pour y entrer en raison de la foule dense. Pour parvenir au lieu de la Naissance du Christ, il faut parfois une demi-heure d’attente, il n’y avait personne. Je n’ai jamais vu la basilique ainsi vide, cela fend le cœur. Partout les panneaux du Jubilé de l’espérance sont affichés, il y a des indications, pour aller se confesser ou recevoir l’indulgence plénière, mais il n’y a personne. C’est un signe qui transperce le cœur. Dans l’expérience jubilaire que les chrétiens font en France, ils peuvent porter dans leurs prières tous les pèlerins qui pourraient venir ici. Prier pour cette terre, pour que le conflit s’arrête, qu’une vie redevienne possible et que les familles chrétiennes de Terre Sainte et tous les amis de la paix puissent bénéficier de la grâce de l’espérance.

Comme représentant de l’Église de France, ressentez-vous une responsabilité particulière et accrue auprès des chrétiens de Terre Sainte?

Absolument et nous avons d’ailleurs rencontré les diplomates du Consulat général de France à Jérusalem. Le cardinal Jean-Marc Aveline est aussi en lien avec le ministère français des Affaires étrangères à Paris. Une rencontre sera programmée avec le président de la République lui-même. Le lien particulier, historique avec la France, continue. Il y a des lieux français, comme l’église Sainte-Anne ou le carmel du Pater que nous avons visité lundi avec les personnes du Consulat, car des travaux très importants y sont conduits. Les lieux sont embellis pour un meilleur accueil. La présence de la France est importante symboliquement pour ce que signifie le lien entre l’Église de France et l’Église mère de Jérusalem. Nous le ressentons très bien, mais nous aimerions aussi encourager, tant que nous le pouvons, les autres épiscopats européens à venir rencontrer les populations chrétiennes afin de dire que nous ne les oublions pas.

Quelle parole spécifique peuvent porter des responsables d’Église aux gouvernants dans des conflits comme celui-ci?

Le cardinal Pierbattista Pizzaballa rappelait que nous n’avons pas d’armes comme chrétiens. Notre seul moyen d’agir sont les mots: nous souffrons des deux côtés du mur. Le mur qui sépare la partie israélienne de la partie palestinienne, mais aussi les murs à l’intérieur des personnes. Il faut tout faire pour qu’il y ait des espaces de rencontre, des lieux pour se parler, afin que les murs ne s’érigent pas à l’intérieur des cœurs et rendent impossible tout dialogue et retour à une paix véritable.

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